L’aiguille de Blaitière est une des sommets les plus remarquables des Aiguilles de Chamonix. Une de ses arêtes me faisait particulièrement de l’oeil, l’arête Nord. Parfaitement visible depuis Chamonix, elle est cependant très peu fréquentée, malgré ses 800m de dénivelé granitique. C’est avec l’ami réunionnais Julien Saouzanet que nous nous attaquerons à ce joli petit morceau.
Pour prendre pied sur l’arête nous choisirons une version moderne, l’enchainement de la voie Nabot Léon et Osez Joséphine que nous quiterons en 3 ème longueur. Avec l’astucieuse utilisation de corde à simple et de micro-poulie, nous avalerons cette partie en un peu plus de 2h…
Les choses sérieuses commencent, finit les spits et les relais en place, nous nous retrouvons dans un terrain montagne tout sauf aseptisé. On remet les grosses et place à la recherche d’itinéraire. Avec nos jolies cordes, semelles vibram et friends qui brillent, on fait les malins mais il ne faut pas oublier que le premier parcours de l’arête date de 1906, par Ryan et les Frères Lochmatter. La même équipe qui a frappé à l’Aiguille du Plan pour l’arête Ryan, en 1906 également, en 12h40 depuis le Montenvers. Itinéraire qui ne sera répété seulement 21 ans plus tard, et avec un bivouac. Ça annonce la couleur.
Vue d’en bas l’itinéraire parait évident, mais une fois dedans, on se retrouve dans un océan de granite, avec des tours, des brèches les unes après les autres. malgré un beau topo nous perdrons vite le compte et nous nous tromperons quelque peu d’itinéraire pour tomber sur un cul de sac.Il faut se mettre dans la tête des anciens et toujours essayer de passer au plus facile, au plus évident.
200 m de corde tendue et nous arrivons au premier crux de l’itinéraire, une fine fissure pleine dalle, d’un esthétisme rare, côté 5b. Il vaut mieux pour le 1er de cordée garder les chaussons, les pieds ne sont pas faciles du tout en grosse. Nous retrouverons ici notre ami Marcel et son compagnon de cordée Catalan. Nous finirons la course ensemble.
La suite de l’itinéraire est plus facile techniquement, mais reste exigeante. On continue facilement sur 100m pour venir buter à la deuxième brèche. On traverse a gauche et on grimpe facilement jusqu’à la troisième brèche. on atteint les vires fontaines.
On part sur un grand dièdre qu’il ne faut pas continuer trop haut (hein Ju’ !), mais traverser à gauche vers une petite brèche, de laquelle on redescend de quelques mètres à l’aide d’une corde fixe ou d’un petit rappel. On traverse à gauche puis on prends une cheminée pour atteindre la 4ème brèche. La neige tombé quelques jours avant commence à nous ralentir un peu, le rocher parfois glissant nous oblige à être plus vigilants.

De cette 4 ème brèche on remonte facilement en direction d’une brèche non référencée sur le topo, que nous avons pris pour la 5ème. Ne pas traverser à droite, même si on voit un relais (des rappels). On prend le grand dièdre oblique à gauche, qui était bien plein de neige/glace pour moi ! on reviens à droite à la 5 ème brèche, et on arrive sur du terrain facile (mais pourri).
On prends pied sous le bastion sommital, il faut viser un grand dièdre derrière la grande tour rouge. Du sommet de ce dièdre, le sommet est tout proche, par l’arête finale.



La vue du sommet, qui récompense tout les efforts, vaut des points. Pour la descente, deux options. Couloir Spencer puis glacier des Nantillons, ou bien la série des rappels depuis le sommet, équipé par l’ENSA, qui rejoignent le haut de Fidel Fiasco. Vu l’état des Nantillons, ça sera descente par la longue, très longue série de rappel. Ce sera un petit sprint direction pour finir la journée à la benne.

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