En ce début 2020, après plusieurs années de disette, les conditions de mixte sont enfin satisfaisantes. Cela crée inévitablement une forte effervescence autour de l’activité, tout le monde veut sa part du gâteau..
Avec l’ami Kim Sicard nous nous retrouvons avec tout l’attirail de grimpe en plus des skis dans le but d’aller faire le Fil à Plomb. Première surprise le matin même devant la benne de l’Aiguille du Midi, c’est remplis de grimpeurs.. tout le monde se regarde… Qui vas où? C’est la question qu’on peut lire sur toutes les lèvres. Chaque glaciériste espère être seul dans sa ligne, ou à défaut être le premier au pied. Je ne m’attendais pas à ça et malgré les sourires et les poignées de main échangées, cela crée une ambiance assez malsaine.
A la sortie au Plan de l’Aiguille, on comprends de suite que nous ne serons pas seuls. entre ceux qui sont ski aux pieds ou ceux qui profitent de la trace à pieds qui a été faite, une grande course est lancée. Avec des résidus du nouvel an et une hygiène de vie pas toujours exemplaire, on comprends vite que ça va être difficile de fumer tout le monde à l’approche…

On arrive dans les premiers au pieds, mais le temps que nous fassion la transition ski/alpinisme, on se retrouve vite dans l’heure de pointe. Une cordée déjà engagée dans la voie, partis du refuge, mais qui n’avance pas. 5 cordée d’affamés qui arrivent en même temps au pied de la rimaye. A partir de là, festival.
tout le monde fonce pour être devant les autres, passage de rimaye simultanés, cordes qui se croisent, du grand n’importe quoi. Je m’énerve un peu devant l’absurdité de la situation, et dit un peu le fond de ma pensée. Ca serait bien de se parler un peu et de se concerter et de s’organiser. Une personne réagit au quart de tour et me rétorque que j’avais qu’à aller plus vite sur l’approche !
A partir de là je vois rouge et c’est décidé. Je n’irais pas grimper là. Je discute rapidement avec Kim qui est du même avis que moi. Je me rappelle que mon père m’avais parlé d’un itinéraire classique sur l’éperon du Col du Plan. c’est décidé, virage à droite. On y va a vue complet, avec juste une photo que j’avais prise à l’approche sur laquelle on vois la ligne.

Forcément il n’y a pas de trace, et nous sommes seul. L’essence même de ce que nous étions venus chercher en montagne revient petit à petit. je pars dans du mixte facile mais avec une neige inconsistante en direction du fil de l’éperon. Difficile de protéger ou de trouver un relais, au final on aura fait 120m de corde tendue, avant que je me décide à faire relais sur corps mort.

Je remercie d’ailleurs Kim qui m’a fait confiance sur ce coup là, pas évident de me croire avec cette première grande longueur douteuse ! On se retrouve dans le couloir-goulotte, et on peut enfin repartir sur quelque chose de plus conventionnel. Je laisse partir Kim, qui fait une grande longueur de 60m.

L’itinéraire est évident et esthétique.

Je reprends la tête pour la longuer qui contourne le bloc coincé. Sans les skis, le passage direct peut s’avérer très divertissant !

après un peu de corde tendue, je finis dans la neige, et déjà finis pour la partie de goulotte.

Kim reprends la tête pour une longueur de neige raide et inconsistante pour pouvoir rejoindre la pente du col du plan.

On rejoint la grande pente de neige dans laquelle nous décidons d’enlever la corde. Les conditions sont faciles, excellentes, mais les protections dérisoire.


On débouche tranquillement au col du plan, et nous rechaussons les skis pour un retour à chamonix par gravité, pour aller chercher une bière bien méritée !
Au final une belle journée à faire la trace, dans un itinéraire sauvage, avec pas mal d’apprentissages. Etre original dans le choix de ses voies, accepter de renoncer ou de changer de plan si ce dernier est trop fréquenté. regarder la montagne d’un oeil neutre et pas à travers les réseaux sociaux…
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