Pas facile de maintenir la forme après deux mois d’arrêt forcé, rien de mieux que une longue balade en montagne pour reprendre la confiance. Le Chardonnet par sa proéminence et son esthétique me faisait de l’oeil depuis longtemps, je m’étonne d’ailleurs de ne pas y avoir été plus tôt… Mais qu’importe !
D’après les répétitions à ski de l’éperon Migot du début du mois de mai, l’itinéraire semble en excellente condition. Je motive le jeune slackliner / gripeur / base jumper Baptiste Reebs, très motivé pour aller faire un tour en montagne.
Comme il n’y a pas de refuge d’ouvert pour cause de Covid, je lui propose de faire la course à la journée depuis la vallée.. 2400m de dénivelé, une belle bavante en perspective !
Nous partons aux alentours des 4h00 du matin du village du tour. D’autres cordées on choisis le même objectif et le même mode opératoire que nous, mais qu’importe, on monte tranquille sur 1800m de dénivelé d’approche les écarts vont bien se faire, pas de stress !
On assiste à un magnifique lever de soleil sur la face nord du Chardonnet qui se dévoile tout juste au dessus des séracs du glacier du Tour. C’est un sommet jugé difficile, ne comportant aucune voie de descente aisée.
L’approche sur le glacier est assez longue et pénible, mais avec un regel parfait et l’objectif qui se rapproche la pillule passe mieux..
Nous voyons les 3 cordées qui nous devancent partir pour l’attaque classique, tant mieux, la version intégrale de nous faisait envie. Etonnament aucune trace alors que cette variante semble en excellente conditions et est plus logique !
Tout passe en neige/glace, ce qui est une chance, le cailloux dans cette zone n’as pas la réputation d’être très sain.. le passage clef est un dièdre en V, qui du fait des conditions est un court ressaut vertical en glace, facilité par une position « renfougne ». on débouche ensuite sur une zone de mixte facile qui longe les sérac du bas.
On rejoint l’itinéraire classique pour une partie en neige, juste au bastion de mixte en milieu de face.
Une variante très esthétique empruntée par les skieurs consiste à éviter cette partie par la gauche, en rejoignant le flanc droit du sérac. C’est bien entendu l’option qui me plait le plus et que nous emprunterons.
C’est sur-classe, on est pas déçus !
Après une partie de corde tendue où la glace n’est pas loin, nous rejoignons le fil de l’éperon qui est tout en neige. D’un commun accord nous décidons d’enlever la corde, prête à être ressortie rapidement si la glace refait son apparition. L’altitude commence à se faire sentir, le mal aux jambes aussi. Mais le sommet est proche.
Nous prenons la sortie de gauche et nous rejoignons les derniers mètres de l’arête Forbes pour prendre pied sur le magnifique sommet du Chardonnet. La vue est à couper le souffle.
Une petite pause pour manger un bout et on se remets en route pour la descente.
Réputée paumatoire, je l’ai trouvée assez logique, on suit le fil de l’arête sur une centaine de mètres pour rejoindre un large couloir. On entrevoit la scelle neigeuse Adam Reilly, que l’on rejoint par deux courts rappels de 25 m.
A partir de là Cap sur Albert 1er pour retrouver nos basquettes..
Encore deux petites heure de descente facilités par la neige dans la combe derrière la moraine pour rejoindre la voiture, 12h après notre départ… Une belle bambée !