Deuxième jour d’errances granitiques avec l’ami Théo Charbonnel… Après une très belle journée à la Grütter Intégrale et ses 700m de granite, la fatigue est déjà un peu présente lorsque le réveil sonne à 4h00 au refuge du Plan de l’Aiguille. Mais pas question de faire la grasse mat’, nous avons choisis un morceau de choix des Aiguilles de chamonix pour ce deuxième jour.
Avec un dénivelé de près de 700m et des difficultées continues aux alentours du V+, le pilier Cordier aux Grands Charmoz est un itinéraire qui me faisait rêver depuis longtemps.
Après un petit déjeuner vite avalé, nous partons pour deux petites heures d’approche pour rejoindre la face.

Le bas du Glacier des Nantillons encore en neige nous facilite grandement l’approche. Plus tard en saison, c’est un dédale de bloc de granite et de glace vive, nettement moins agréable.

A l’aide d’une petite corde fixe (qui ressemble grandement à un bout de corde coupée tout neuf, certainement récupéré plus haut dans les rappels) nous prenons pied sur la terrasse de départ.
Nous prenons les grosses, crampons et piolet dans le sac. Les échos sur la descente en rappels comme conseillé dans le topo ne me font pas rêver. Mon père a guidé des clients quatre ou cinq fois sur ce beau pilier, et est toujours descendu à pied par la voie normale depuis le bas des rappels du bastion sommital. Je préfère suivre cette version là !

Les longueurs sont longues, les 50m de corde se déroulent quasiment intégralement à chaque fois. Nous prenons vite de la hauteur. Les longueurs du bas sont raides et soutenues, à froid ça pique ! heureusement de nombreux pitons biens placés nous font gagner en temps précieux.

Après la raide partie inférieure et un 5b qui nous font nous questionner sur notre niveau d’escalade,nous rejoignons les grandes dalles de partie centrale. ça déroule bien, l’itinéraire est logique et le caillou étonnamment beau !
On nous avait tellement vendu la partie supérieure « à ne manquer sous aucun prétexte », que nous pensions trouver du rocher médiocre dans la partie basse.
Il y a bien quelques blocs instables sur les vires, mais dans les parties plus raide, c’est excellent ! Dans le style de ce que l’on retrouve aux dalles du Peigne..

On est sur un bon rythme et nous faisons un peu de corde tendue. Il y a des relais un peu partout, et c’est dur de savoir quand s’arrêter. Dans le doute si il n’y a pas de pas trop dur, on trace 🙂

On atteint le rateau de chèvre caractéristique, une fissure se terminant en écaille bien grimpante, surplombant la partie raide du glacier des Nantillons, c’est le pied !

Il n’y a rien a jeter, on remonte sur plusieurs longueur un grand dièdre, abondamment pitonné.

Sortis du dièdre par un 5b majeur, on enchaine avec 2 longueurs pour rejoindre la partie facile.

100m de corde tendue plus tard, on arrive dans la grande cheminée en 5a qui donne accès aux magnifique longueurs en fissure de la partie sommitale. Malheureusement ce n’est pas la bonne (plutôt 6a que 5a) ! on est allé un peu trop loin et trop haut a droite. On aura quand même rentabilisé l’opération, après 5 minutes de combat j’ai récupéré un joli friend coincé DMM tout neuf !

Pas envie de redescendre en rappel pour rectifier, au dessus ça a l’air de bien passer. Nous remplaçons la fissure à doigt en 5c par un grand dièdre finalement très esthétique de la même difficulté.

Nous traversons 10m à gauche pour rejoindre le bon système de fissure. A partir de là, c’est le festival de vérous en tout genre !
On en prends plein les yeux !

je fractionne comme conseillé le grand splitter de 50m. On a bien fait, au dessus ça grimpe, et le gros friend numéro 4 trimbalé toute la journée m’as mentalement aidé dans la sortie !
Merci Théo de m’avoir laissé grimper LA longueur en tête, pour prendre LA photo classique du Pilier Charmoz…



Après deux petites longueurs faciles et un peu de grattage de cristaux, nous rejoignons enfin la belle arête sommitale !

Sourire défoncé du sommet, on a fait les bourrins, pas bu pas mangé de la course, et on y a certainement laissé une heure dans l’itinéraire.

Finalement un peu plus de 7h dans le pilier, pour enfin admirer la vue plongeante sur la face nord et la Mer de glace (qui fait bien de la peine, by the way)…

Content de ranger les crampons dans le sac, on enchaine 4 rappels pour rejoindre la grande vire médiane.
Après avoir vu la configuration de la voie et les relais qui font pas toujours rêver, pas question de descendre par les rappels ! De plus on a vu du monde descendre les Nantillons toute la journée, la trace semble bonne.
On repasse donc en mode alpiniste pour traverser la vire en direction du couloir Charmoz-Grépon. Ca se fait super bien, le couloir est sec mais pas trop de chutes de pierre, on le rejoint assez bas. Bingo, tout en traversée descendante et avec juste un petit rappel pour passer la rimaye, on rejoint le glacier des nantillons en a peine 20 min.

A partir de là, la longue descente commence ! ça va vite dans la neige bien molle, comme la veille aux Pélerins. On rejoint les rappels du rognon des Nantillons, mais pas très motivé pour refaire 6 rappels de 25m, on suit les traces de passage qui nous mènent avec juste un petit bout de rappel le glacier, en bas de la partie raide en glace.
Pour la benne, ça sera un peu juste, la descente se fera donc jusqu’à la vallée ! Encore une fois, un belle journée en montagne, loin des foules, à Cham ! Merci Théo pour ta confiance et ta motivation 🙂

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